Convaincue par la nécessité de préserver les ressources de notre planète, Jihen-Alice Mbarki aime relever les challenges ! Elle a créé "Autour du tissu" pour réduire le gaspillage textile et réduire l’empreinte écologique de l‘industrie de la mode.
Son souhait : valoriser le fait-main et la mode éco-responsable et démocratiser l’upcycling et la seconde main en Alsace. Les créateur·rice·s et couturier·e·s pourront désormais s’approvisionner en tissus de qualité provenant de stocks destinés à être jetés.
Comment as-tu eu l’idée de créer Autour du tissu ?
Je pratique la couture depuis plusieurs années. Comme je suis gauchère, je fais souvent des erreurs, j’ai besoin de recommencer plusieurs fois et j’utilise souvent beaucoup de tissus pour progresser dans mes réalisations. J’ai commencé à chercher des tissus pas trop chers et j’ai découvert des kilomètres de stocks de textile destinés à être jetés dans ma région.
Sensible à l’écologie et à l’environnement, je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire ! J’ai donc décidé de valoriser les stocks de tissus de qualité qui dorment dans les entrepôts en privilégiant les circuits-courts.
Comment est né ce projet entrepreneurial ?
Mon entreprise a été créée le 1er février 2024, c’est donc très récent ! Mais je travaille sur ce projet depuis 2 ans. Auparavant, j’ai travaillé pour des grands groupes industriels comme acheteuse technique et responsable logistique. Suite à un plan social, j’ai profité de mon congé de reclassement pour valider un MBA en marketing digital et réaliser une étude de marché approfondie.
J’ai fait des sondages, j’ai parcouru les salons autour du DIY (Do it yourself) pendant deux ans à Paris et en régions pour comprendre au mieux les attentes des créateur·rice·s et les tendances du secteur. En Alsace, il n’y a aucune valorisation des stocks de tissus. Et par ailleurs, de nombreux couturiers et couturières ont un réel besoin de ces tissus.
J’ai donc affiné le concept petit à petit. J’ai choisi pour démarrer d’ouvrir une boutique en ligne et de travailler en partenariat avec le Groupe Altaïr à Strasbourg pour la partie stockage, coupe, picking.
Cela me tient à cœur de collaborer avec des entreprises d’insertion. Un service de click and collect à Strasbourg sur leur site sera du coup possible même sans boutique physique.
Qu’est-ce qui te fait vibrer par-dessus tout dans ton activité ?
Le fait que ce projet ait du sens ! C’est important pour moi de développer une entreprise dont la vocation s’inscrit dans la protection de l’environnement. Je me lève chaque matin en étant convaincue par mon projet ! Je suis en train de développer plusieurs activités autour de l’économie circulaire du textile. Je souhaite notamment proposer des ateliers itinérants animés par des couturier·e·s et créateur·rice·s de la région dans les campagnes et en ville dans les zones prioritaires pour favoriser l’insertion par l’upcycling et la couture.
L’objectif est d’apprendre à réparer ses vêtements soi-même en valorisant le savoir-faire local.
As-tu bénéficié de soutiens au sein de ton territoire ?
Pas encore, mais je suis en contact avec France Active et Réseau Initiative. L’Alsace est dynamique au niveau entrepreneurial. Je compte faire appel à l’Eurométropole de Strasbourg pour développer mes ateliers d’upcycling dans les zones prioritaires. Je vais candidater pour intégrer le Pôle Textile Alsace et mieux connaître les différents acteurs du secteur.
Quelles difficultés rencontres-tu au quotidien et comment arrives-tu à les surmonter ?
En tant qu’entrepreneure, on rencontre des obstacles chaque jour ! Au début, je ne connaissais pas du tout le secteur du textile qui est très compétitif. J’ai appris au fil du temps et je me suis formée notamment pour mieux comprendre la composition des textiles. J’ai aussi rencontré des freins administratifs et juridiques.
Quand on se lance, il faut trouver les bons contacts et se renseigner pour surmonter les difficultés. Je suis d’un naturel déterminé et je reste persuadée de l’intérêt de mon projet : c’est une philosophie de vie ! Chaque jour, je cherche des solutions et je prends des décisions pour avancer dans cette aventure. Plutôt que les peurs des autres et les commentaires négatifs, je retiens le soutien de ceux et celles qui souhaitent que ce projet voient le jour et y participent de près ou de loin.
Comment définirais-tu l’entrepreneuriat ?
L’entrepreneuriat est intense, mais valorisant. En effet, il faut tout gérer seule ! J’adore la liberté, célébrer chaque petite victoire et évoluer dans une dynamique qui est toute autre que celle du salariat.
Tu as rejoint l’antenne Centre Alsace de Femmes des Territoires, que viens-tu y chercher ?
Je recherchais un réseau qui me corresponde pour échanger et être entourée. J’ai intégré un groupe très dynamique qui m’apporte beaucoup. Les ateliers en ligne et en présentiel, qui sont très qualitatifs, permettent une réelle montée en compétences dans tous les domaines de l’entrepreneuriat. Grâce à un groupe de co-développement et à divers ateliers, j’ai pu faire de belles rencontres et l’entraide n’est pas que dans la théorie.
Certaines femmes du réseau viennent m’aider régulièrement et avec le sourire, c’est très motivant. On travaille aussi sur nos points faibles. L’ambiance bienveillante et les échanges nous font avancer dans nos projets en évitant l’isolement. C’est très enrichissant humainement.
Que dirais-tu à celles qui souhaitent se lancer ?
Croyez en vos rêves ! Rien n’est impossible ! Si j’avais un seul conseil à donner, ce serait de bien réfléchir à son projet et de le préparer en amont en s’entourant. Observer les autres, ne pas se précipiter et se faire aider pour ne pas s’épuiser moralement et physiquement. Allez-y, mais de façon réfléchie et mesurée !
Pour contacter et suivre Jihen-Alice Mbarki
Le portrait a été rédigé par Marie Hélène Dos Santos
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